Profiter de ce qui est autour de moi...
Pourquoi est-ce que je devrai sortir de chez moi ? Je suis bien ici !
« T’es parti(e ) où pour les vacances ? », « Tu te ferais pas un petit voyage ? ». On a parfois l’impression d’entendre qu’il faut voyager comme si le voyage était un parcours obligatoire dans une vie « réussie ».
A trop valoriser « l’ailleurs » on finit par dévaloriser « l’ici » et l'ici, j'y suis bien...
Demeurer sur place, peut aussi être vu comme une forme de voyage. Non pas un voyage dans l’espace mais un voyage dans le temps, autant qu’un voyage intérieur. A trop courir dans tous les sens pour tout voir, on n’a parfois qu’une vision très superficielle du monde parcouru. Un peu comme ce paysage qu’on voit défiler par la fenêtre d’un train à pleine vitesse : on a juste le temps d’apercevoir quelques belles images avant qu’elles ne soient remplacées par d’autres. Et est-ce qu’après avoir parcouru le monde à toute vitesse, on l’a vraiment « découvert » ?
Il est légitime par moment de vouloir prendre le temps, de ralentir un peu sa course et d’observer dans le détail tous les contours du paysage. En restant sur place, on peut explorer les choses en profondeur. Sa maison, son quotidien, ses proches, sa ville ou son pays, ils sont comme ces paysages qu’on voit défiler par la fenêtre. En se précipitant pour en voir de nouveaux, on peut manquer l’essentiel.
Et face à l'urgence climatique ?
Le GIEC montre que le réchauffement est sans précédent depuis les 2000 dernières années, et qu’il continue de s’accélérer :
La température moyenne terrestre a augmenté de 1,1°C entre 1850-1900 et 2010-2020 ;
Chacune des quatre dernières décennies (1980-1990 / 1990-2000 / 2000-2010 / 2010-2020) a été plus chaude que la précédente.
Ce matin même on nous annonce que le réchauffement de la planète dépasse 1,5 degré pour la première fois durant 12 mois consécutifs.
Sur la période allant de février 2023 à janvier 2024, la température mondiale de l'air à la surface du globe a été de 1,52°C supérieure à celle de la période 1850-1900.
Pour la première fois, la planète a connu sur une période de 12 mois un réchauffement de plus de 1,5°C par rapport au climat de l'ère préindustrielle, a annoncé jeudi 6 février l'observatoire européen Copernicus après un nouveau record de chaleur en janvier. Dans le détail, sur la période allant de février 2023 à janvier 2024, la température mondiale de l'air à la surface du globe a été de 1,52°C supérieure à la période 1850-1900. Et avec une température moyenne de 13,14°C, janvier 2024 a été le mois de janvier le plus chaud jamais enregistré depuis le début des mesures, selon les données du réseau européen.
«Cela ne signifie pas que nous avons franchi la barre des 1,5°C fixée à Paris» en 2015 pour tenter d'enrayer le réchauffement climatique et ses conséquences, rappelle Richard Betts, directeur des études sur les impacts climatiques à l'office national de météorologie britannique. Pour cela, il faudrait que cette limite soit dépassée de façon stable sur plusieurs décennies. «Néanmoins, il s'agit d'un nouveau rappel des profonds changements que nous avons déjà apportés à notre climat mondial et auxquels nous devons maintenant nous adapter», a-t-il ajouté.
«Il s'agit d'un avertissement brutal sur l'urgence des mesures à prendre pour limiter le changement climatique», souligne pour sa part Brian Hoskins, directeur de l'Institut Grantham sur le changement climatique de l'Imperial College London. «C'est un signal très important et désastreux (...), une alerte pour dire à l'humanité que nous nous rapprochons plus vite que prévu de la limite de 1,5 degré», a abondé auprès de l'AFP Johan Rockström de l'Institut de Potsdam pour la recherche sur l'impact du climat (PIK). Le climat actuel s'est déjà réchauffé d'environ 1,2°C par rapport à 1850-1900. Et au rythme actuel d'émissions, le Giec prévoit que le seuil de 1,5°C a une chance sur deux d'être atteint en moyenne dès les années 2030-2035. (Le Figaro)
Moins prendre l'avion pour préserver la planète ?
Il n’y a pas que le CO2 à prendre en compte dans un voyage en avion
L’avion pollue, c’est un fait que personne ne contredira. Mais son impact est souvent sous-estimé. Par exemple, les émissions liées aux vols internationaux ne sont pas comptabilisées dans les chiffres officiels sur l’impact climatique du transport aérien en France. Ou encore, l’impact climat « hors CO2 » d’un vol en avion n’est pas souvent intégré dans les calculateurs d’émissions des compagnies aériennes.
Pourtant, pour évaluer réellement l’impact du secteur aérien sur le climat, il faut tenir compte de tous les facteurs aggravant la crise climatique.
Notamment, les traînées de condensation laissées lors du passage de l’avion sont l’un de ces facteurs. Elles forment une fine couche nuageuse favorisant l’apparition de cirrus qui réfléchissent les rayons du soleil dans l’atmosphère, augmentant l’effet de serre.
Cette pollution “hors CO2”, loin d’être insignifiante, est souvent omise par les compagnies aériennes dans le calcul de l’empreinte climatique de leurs vols.
Au niveau mondial, une étude scientifique publiée dans la revue Atmospheric Environment en janvier 2021 montre que pour connaître l’impact réel du secteur aérien sur le changement climatique, il faudrait multiplier par 3 les seules émissions de CO2.
Alors comment choisir et valoriser le mode de transport le moins polluant ?
La responsabilité du secteur aérien dans le dérèglement climatique
Le secteur aérien contribue à hauteur de 6% au réchauffement climatique
Au niveau mondial, l’une des dernières études scientifiques (2020) menées par Lee & all, évalue que le transport aérien a contribué à hauteur de 3,5% au réchauffement climatique total dû à l’activité humaine. C’est sa contribution “historique”.
Sa contribution actuelle au réchauffement climatique est sensiblement plus élevée, en raison de la croissance du trafic aérien. Stay Grounded, un réseau de plus de 170 organisations encourageant les alternatives à l’aviation, a estimé à 5,9% la contribution actuelle du secteur aérien par dans un rapport d’octobre 2022. L’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI) estime que les émissions de l’aviation pourraient doubler voire tripler d’ici 2050.
En France, le secteur aérien représente au moins 7% de l’empreinte carbone
En France, les émissions territoriales du transport aérien représentaient 4,1 % des émissions de gaz à effet de serre des transports en 2019.
Ces faibles chiffres s’expliquent par le fait que seuls les trajets internes à la France sont comptés (outre-mer compris), alors que les transports internationaux sont exclus. Ces vols représentent pourtant la grande majorité de la pollution.
Or, selon unrapport de B&L évolutions (juillet 2020),si l’on calcule l’impact climat des vols réalisés sur le territoire français ainsi que les vols internationaux de/vers la France “consommés” par des Français·es, le secteur aérien représenterait au moins 7,3% de l’empreinte carbone de la France. Cette approche, appelée l’approche “empreinte carbone”, est donc plus proche de la réalité.
Voyage en avion vert et “compensation” carbone : le vrai du faux
La “compensation carbone”, bien que trompeuse, est devenue l’expression à la mode des compagnies aériennes. Elle véhicule l’idée, fausse, que l’on peut “neutraliser” nos émissions en finançant une séquestration de carbone équivalente à nos émissions.
Pour « compenser » leur impact climatique, les acteurs du transport aérien s’engagent très souvent dans des projets de plantation d’arbres. De plus, ils promettent de limiter leur impact sur le climat en investissant dans le développement de carburants dits « durables ».
Ces offres cachent une lourde réalité.
Pour respecter le principe de neutralité véhiculée par la “compensation carbone”, il faudrait que l’action de compensation soit directe et immédiate. Or, l’absorption de CO2 n’est ni directe ni immédiate lorsqu’on plante des arbres. Il faut plusieurs décennies aux arbres pour atteindre la taille nécessaire pour commencer leur travail d’absorption.
De plus, n’oublions pas que les arbres sont complètement impuissants contre les effets hors CO2 du secteur aérien (formation de cirrus, augmentation de la concentration d’ozone…). Or ces effets représentent les 2/3 de l’impact climatique du secteur.
D’ailleurs, rien ne garantit qu’ils absorberont au cours de leur vie la totalité de nos émissions. La forêt est sujette aux aléas climatiques de plus en plus violents et nombreux comme les tempêtes, la sécheresse, les incendies ou les maladies. Et pendant ce temps, le trafic aérien ne cesse de croître de même que les émissions de gaz à effet de serre associées.
La compensation est un leurre et un concept dangereux car compenser ne permet pas (par définition) de réduire les émissions de gaz à effet de serre et cela fait même croire qu’une solution qui ne passerait pas par ces efforts de réduction est possible. Ce dont on a besoin face à la crise climatique, c’est que les secteurs émetteurs s’engagent à réduire dès maintenant et drastiquement leurs émissions.
A titre individuel, multiplier les vols de loisir est incompatible avec un mode de vie bas carbone. Les fausses solutions de neutralité proposées par les compagnies aériennes sont trompeuses. Il ne faut plus “compenser” nos émissions, il faut les réduire. Choisir de ne pas voyager en avion pour ses vacances de loisir est un acte fort pour le climat.
Voyager souvent en avion est incompatible avec un mode de vie bas carbone
L’empreinte carbone en France est en moyenne de 10 tonnes d’équivalent CO2 par personne. N’oublions pas qu’il s’agit d’une moyenne qui lisse la grande diversité des situations. Globalement, plus on est riche, plus on pollue. Par exemple, en France, les 10% les plus riches ont une empreinte carbone annuelle d’environ 25 tonnes CO2e, contre 5 tonnes pour les 50% les plus modestes.
Pour connaître votre propre empreinte carbone et les actions que vous pouvez faire pour la réduire, vous pouvez utiliser l’outil de l’Ademe, Nos Gestes Climat.
Durant les années 1980-90, les compagnies aériennes ont façonné un imaginaire de voyage parfaitement rôdé. Aujourd’hui, cet imaginaire reste ancré dans notre façon de voyager : nous croyons avoir besoin de l’avion pour nous dépayser et pour assouvir notre soif d’évasion.
En réalité, nous n’avons pas besoin de voyager loin pour nous sentir dépayser et trouver de la beauté, de l’évasion dans notre voyage. Choisir de voyager de façon écologique est une bonne alternative pour concilier dépaysement et la protection de l’environnement. Il existe de nombreux pays en Europe et de nombreuses régions en France accessibles par exemple en train qui ne demandent qu’à être découvertes.
Nous pouvons chacun et chacune agir à notre échelle. L’avion est le mode de déplacement le plus néfaste pour le climat. Au vu de l’urgence climatique, voyager autrement pour le loisir est possible et indispensable.(Greenpeace)
Belle-île, ma belle, je te rejoins bientôt
Aussitôt que Paris me trahit
Et je sens que son amour aigrit, et puis
Elle me soupçonne d'être avec toi, le soir
Je reconnais, c'est vrai
Tous les soirs, dans ma tête
C'est la fête des anciens combattants
D'une guerre qui est toujours à faire
Belle-île, attends-moi, j'arrive
Bientôt je prends la dérive...
Dick Annegarn, un poil revisité :)